It matters not what someone is born, but what they grow to be.
«
Par Merlin, Rey, qu’est-ce que tu as fais ? » Le regard vide, le sorcier posa les yeux sur son épouse. Qu’est-ce qu’il avait fait ? Il se contentait de se répéter qu’il
avait fait ce qu’il devait faire, ce que personne d’autre ne voulait faire. Le monde devenait fou et personne n’avait fait attention au malheur qui avait frappé la famille Oswald. Ils avaient perdu un enfant, un gamin innocent âgé de tout juste six ans, personne ne cherchait à savoir qui avait pu faire ça. Son fils était mort et ses grands parents aussi, il n’y avait que les jumeaux qui s’en étaient tirés et la justice n’avait que faire de cette histoire, c’était la guerre dehors, il y avait plus important à gérer disait-on. Reysen ne voyait pas les choses sous le même angle. Il avait enquêté, il avait remonté des pistes pour trouver qui était le responsable et quand il avait fini par trouver le coupable, il avait compris que jamais justice ne serait faite. Ce type était trop haut placé au ministère de la magie pour que quelqu’un tente quoi que ce soit contre lui. Il avait fallu que quelqu’un agisse, alors il l’avait fait. On pouvait bien dire que la justice n’était en rien vengeance, ça n’avait pas d’importance, le monde se portait déjà mieux sans ce type ; il avait eu ce qu’il méritait. Mais ce n’était pas qu’un gamin et un couple de personnes âgés, c’était quelqu’un d’important dans le gouvernement, alors forcément, l’enquête ne serait pas enterrée rapidement. Il s’en fichait, il allait certainement passer le restant de ses jours à Azkaban, mais ça n’avait pas d’importance, il
avait fait ce qu’il se devait de faire. Est-ce qu’il avait vraiment besoin de répondre à la question de son épouse ? Elle savait ce qu’il avait fait. «
Je suis désolé. » Il l’était auprès d’elle, pour tout ce qui allait se passer par la suite, mais il ne l’était pas vraiment pour ce qu’il avait fait.
Il avait fait ce qui devait être fait. «
Je t’aime. » Elle déposa un baiser sur ses lèvres avant d’appuyer son front contre le sien. «
Et je t’aimerai toujours, quoi qu’il arrive. » Une nouvelle fois, ils échangèrent un baiser, comme s’il s’agissait du dernier et tout d’eux savaient très bien qu’il s’agissait certainement du dernier. Combien de temps faudrait-il avait que quelqu’un du ministère de la magie n’arrive pour l’arrêter ? Peu de temps sans doute. «
Prend soin des enfants. » Ils étaient déjà couchés, il n’aurait probablement pas l’occasion de leur dire au revoir, mais il savait qu’elle prendrait son d’eux. Elle était une excellente mère et la plus parfaite des épouses. La femme de sa vie, celle aux côtés de qui il s’était imaginé vieillir. «
Toujours. » Un frappement sourd résonna dans la maison, quelqu’un cognait contre la porte, ils savaient de qui il s’agissait. «
Je t’aime. » Quelques types du ministère ne tardèrent pas à rentrer et quelques heures plus tard, il était enfermé dans une cellule à attendre un jugement dont il connaissait déjà le verdict. Il avait tué un homme, un homme respecté et dont tout le monde niait les meurtres, alors, il allait passer sa vie enfermé à Azkaban. C’était une peine qu’il méritait et une peine qu’il assumait. Un procès était presque inutile, il était coupable et il n’avait pas l’intention de ne nier. Il avait tué l’assassin de son fils et il n’avait pas honte, il n’avait pas l’ombre d’un regret. A quoi bon ?
Il avait fait ce qui devait être fait.
Un soupire passa les lèvres du sorcier alors qu’il remplissait de nouveau son verre d’un liquide ambré. Les bouteilles de whisky ne duraient pas bien longtemps avec lui, il noyait ses peines dans l’alcool, bêtement, mais il ne voyait pas ce qu’il pouvait faire de mieux. Il avait passé six longues années à Azkaban avant qu’on ne le libère sans qu’il sache vraiment pourquoi. La guerre était terminée et il s’avérait que l’homme qu’il avait tué était un mangemort, or les meurtres de mangemort n’étaient plus vraiment juger comme des meurtres, on avait donné le droit aux aurors de stopper l’armée de Voldemort à n’importe qui, c’était ce qu’il avait fait. Six ans enfermé à Azkaban pour pas grand-chose et à son retour, il avait pu constater que le monde tel qu’il le connaissait avait bien changé. Sa vie avait changée. Sa famille était brisée. Il était retourné voir sa femme et il l’avait vue, heureuse au bras d’un autre. Il avait perdu la femme qu’il aimait, il n’osait même pas retourner vers ses enfants. Il n’était qu’un pauvre type qui buvait parfois un peu trop et qui abusait quelque peu de l’hospitalité de sa patronne. Gemma était probablement la seule personne au monde qui n’avait eu aucune difficulté à l’engager. Elle se fichait de son passé, elle comprenait sans pour autant tout approuver, mais au final, c’était un sujet de conversation qu’il prenait soin d’éviter. D’un geste las il avala le contenu de son verre d’une traite avant de tendre la main pour attraper de nouveau la bouteille. Cette dernière lui échappa des mains, arrachée à la dernière seconde par Gemma qui lui lançait un regard qu’on aurait pu comparer à celui d’une mère s’apprêtant à engueuler son fils. «
Tu as déjà assez bu pour la soirée. » Il était grand, il faisait bien ce qu’il voulait et puis, dire qu’il avait trop bu, c’était une exagération. Il n’était pas non plus bourré. Il avait peut-être la légère impression que la pièce tournait autour de lui, mais il allait bien. Il laissa échapper un nouveau soupire avant de se laisser tomber dans le fond du canapé. «
C’est toi qui le dit ça. » Il haussa légèrement les épaules, alors que la jeune femme était déjà partie ranger la bouteille dans la cuisine. Elle revint quelques secondes plus tard, se laissant tomber sur le canapé à ses côtés. «
Tu sais que boire ce n’est pas la solution n’est-ce pas ? » Il ne savait plus vraiment. Est-ce qu’il y avait vraiment une solution à ses problèmes ? Il était hanté par l’enfer qu’il avait connu à Azkaban et sa vie ne ressemblait plus à rien. Boire n’était peut-être pas la meilleure des solutions, mais c’était la seule qu’il avait trouvé. Celle qui était la plus simple sans doute. «
Je ne sais pas quelle est la solution. Je ne crois pas qu’il y en ait une. » Il avait perdu sa famille, il avait peur de retourner vers ses enfants et lui qui avait rêvé de devenir un brillant auror, il était à présent vendeur dans une librairie. «
Ce n’est pas l’alcool en tous cas. L’alcool ça devient vite juste un problème de plus. » Elle avait raison, il le savait, mais c’était facile de succomber et de plonger en plein dans ce problème, une bonne cuite permettait d’oublier, au moins temporairement tous les problèmes sans exception. «
Et j’ai besoin de toi parfaitement sobre et d’attaque demain matin ! » Sur ces mots, elle tapota légèrement sa cuisse avant de se lever du canapé. «
Bonne nuit. » Un sourire sur les lèvres, elle s’éloigna vers sa chambre. «
Merci, toi aussi. » Elle lui sourit de nouveau avant de disparaitre dans le couloir. Une bonne nuit, il n’avait pas connu ça depuis des années et il n’était pas sûr de connaitre ça à nouveau un jour.
«
Pourquoi t’es pas revenu ? » Un léger soupire passa les lèvres du sorcier. Il ne savait pas vraiment expliquer pourquoi il n’était pas revenu vers sa famille après sa libération. Il avait essayé, mais la vision de sa femme en compagnie d’un autre homme l’avait rapidement stoppé dans sa démarche. Elle lui avait dit qu’elle l’aimerait toujours, quoi qu’il lui arrive, mais elle l’avait vite oublié de toute évidence. Elle avait refait sa vie pendant que lui, il pourrissait en prison. Une partie de lui voulait se réjouir de son bonheur, rien n’avait prédit qu’il sortirait un jour, alors c’était évident qu’elle ne pouvait pas l’attendre toute sa vie. Mais le reste de son être, trop rongé par les années passées à Azkaban, lui en voulait pour l’avoir abandonné. La rancune qu’il avait en lui était devenue telle qu’il en voulait au monde entier. Il n’était pas ressorti d’Azkaban dans le même état d’âme qu’il y était entré, qui le pouvait dans le fond ? Azkaban c’était un peu l’enfer sur terre. «
Parce que vous méritez mieux que ce que je suis devenu. » Il avait été un bon père à une époque, quelqu’un d’aimant et certainement de meilleure compagnie qu’il ne l’était aujourd’hui. Il n’avait pas voulu revenir et détruire l’équilibre difficilement retrouvé par sa famille. Il ne voulait pas non plus revenir et avoir l’impression d’être jugé. Il avait certainement fuit ses responsabilité, agit comme un lâche et il passait une bonne partie de son temps à essayer de se convaincre que c’était mieux ainsi. «
Tu es notre père, on a besoin de toi. » En ce moment, il était la dernière chose dont quelqu’un de censé pouvait avoir pour vivre. Il passait trop de temps à boire, il s’énervait facilement, il ne dormait quasiment plus la nuit. Il avait l’air d’une épave. «
Votre beau-père ne fait pas l’affaire ? » Il ne chercha même pas à cacher la rancœur dans sa voix, mais baissa les yeux vers la table, comme pour se défaire du regard de son fils. Ce dernier ne laissa cependant échapper qu’un léger rire, presque comme s’il comprenait l’avis de son paternel. «
Lui, il n’est clairement pas notre père. » Reysen releva un regard amusé vers son fils avant de hausser les épaules. «
Je ne peux pas revenir. J’ai besoin de temps pour … enterrer tout ça. » Son fils en face de lui arqua légèrement un sourcil. «
Tu ne veux pas revoir maman. » Il acquiesça légèrement, il ne voulait pas affronter celle qui, aux dernières nouvelles était encore sa femme. Il ne voulait pas savoir le pourquoi du comment, il ne voulait pas l’entendre parler de ce type. Il avait la colère facile alors, mieux valait éviter de le mettre en face de faits forcément énervant. «
Tu sais où me trouver toi. » Ils s’étaient retrouvés par hasard alors qu’il était entré dans la boutique de livre dans laquelle il travaillait, il n’avait pas l’intention de quitter les lieux, alors, il pourrait toujours revenir le voir quand il le voudrait. «
Emmène ta sœur avec toi, si elle veut … » Le jeune homme hocha la tête en signe d’approbation. «
Ouais, et mon frère aussi. » Reysen fronça les sourcils. Son frère, de quoi il parlait ? Son frère était mort, six ans plus tôt, assassiné par un monstre. [/color]»
Pardon ? » Un air gêné se dessina sur les traits de son visage. «
Tu ne savais pas ? » Il pinça légèrement les lèvres avant de reprendre. «
Maman était enceinte quand … Tu sais. » Quand il avait été envoyé à Azkaban. Non, il ne savait pas et de toute évidence, il ne l’aurait jamais su si son aîné ne le lui avait pas annoncé. Les poings et les mâchoires serrées, il sentait une forte colère s’emparer de son être. En plus de l’avoir oublié à la vitesse de l’éclair, elle lui avait caché l’existence de son fils. Il avait l’impression de n’éprouver à présent plus qu’une haine destructrice pour cette femme qu’il avait pourtant tant aimée.