It matters not what someone is born, but what they grow to be.
18 juillet 1967«
Tu crois que tes pouvoirs te protègent ?! Tu crois que tu arriverais à quelque chose si je n’étais pas là ?! Tu devrais bénir les dieux de m’avoir trouvé, ne fait pas l’ingrate ! Personne n’aurait voulu de toi. » Ils recommençaient. En cette journée de juillet mille-neuf-cent-soixante-six, le temps au dehors était resplendissant, mais à l’intérieur de chez les Rogue le temps était lourd, maussade, menaçant. Severus était assis contre la porte de sa chambre qu’il avait fermée. Les mains posées sur ses oreilles il essayait de ne pas les entendre, encore. «
Combien de fois vais-je te dire de ne pas parler à ces hommes ? S’ils venaient à apprendre que tu… » Severus se boucha encore plus fort les oreilles. Il détestait entendre son père insulter sa mère pour ce qu’elle était : une sorcière. Pour qui se prenait ce vil personnage pour ainsi maltraiter une femme aussi aimante et exceptionnelle qu’Eileen Prince ? Severus se détestait de ne pas être assez fort, assez grand pour la protéger. Son père ne comprenait-il pas la chance qu’il avait eu de rencontrer une femme si brillante ? Intérieurement, Severus bouillait. Pourquoi ne pouvait-il simplement pas être heureux, comme tout le monde ? Il songea à sa petite voisine rousse dont il ne connaissait pas le nom. Il la regardait souvent jouer dehors avec celle qui semblait être sa sœur. Severus avait toujours eu honte de sa famille et de sa maison. Alors, il préférait n’interférer avec personne. Pourtant il mourrait d’envie de s’approcher de la jeune fille mais elle ne se séparait jamais de sa sœur en qui Severus n’avait aucune confiance.
«
Non Tobias, arrête je t’en prie ! » Un pincement terrible fit tressauter le cœur de Severus. Il détestait entendre son père hurler sur sa mère, mais il haïssait plus encore les moments où il savait que celui-ci levait la main sur elle. Il savait que sa mère, autrefois infirmière magique, maniait l'art de faire disparaître des plaies et de ressouder des os. Mais même si elle pouvait se guérir rapidement, cela n'enlevait rien à la violence du geste et des coups reçus. Alors, n’en pouvant plus, il ouvrit la porte de sa chambre et la fit claquer avec fracas avant de descendre les marches des escaliers deux à deux. «
Severus ! Reviens ici tout de suite ! » Mais trop tard, le jeune Rogue était déjà en train de courir loin de cette maison où il n’en pouvait plus de se sentir inutile. Il couru sans se retourner mais en sachant où il voulait aller. Non loin de là il y avait une rivière et un immense saule. Il aimait s’y promener de temps en temps et, surtout, il savait qu’elle aussi aimait être là. En arrivant, haletant, Severus eu un sourire timide en remarquant que la jeune fille rousse était effectivement là. Mais elle était accompagnée, encore une fois, de sa grande sœur et lorsque celle-ci posa ses yeux sur Severus, elle attrapa la main de Lily et la tira pour l’inciter à la suivre. «
Viens Lily, on rentre. » Mais la jeune fille rousse fit non de la tête et lorsque ses yeux croisèrent ceux du garçon elle déclara à sa sœur que tout allait bien et qu’elle n’allait plus tarder à rentrer. Toujours sous le coup de l’adrénaline, Severus profita du moment pour enfin se présenter.
«
Salut. » ce fut un son à peine audible, pourtant Severus était plus que fier d’avoir réussi à la saluer. Lily, jeune fille rousse aux yeux verts se mit à pouffer. «
Tu peux t’approcher, je ne mors pas et je sais qui tu es. » Il ne s’était pas attendu à cette réponse. Il sentit un frisson lui parcourir le long du dos ce qui eut pour effet de le faire se balancer sur ses pieds. Quelqu’un l’avait finalement remarqué. Et pas n’importe qui : c’était elle. Ce jour-là, Severus et Lily sont restés ensemble à discuter pendant plus d’une heure et ils s’étaient promis de se retrouver à cet endroit chaque jour.
5 avril 1969«
Allez, concentre toi un peu ! Tu ne connaitras jamais mon secret si tu ne te concentre pas. » Lily, les sourcils froncés, se concentrait comme le lui demandait Severus. Quelle était la formule déjà ? Ah oui. Elle tenait dans sa main une feuille de papier visiblement totalement inintéressante, mais Lily savait que si le sort fonctionnait, elle arriverait à lire ce qui était écrit. Severus savait le faire, pourquoi pas elle ? Bon, elle savait qu’en vrai elle avait besoin d’une baguette magique pour que le sort fonctionne parfaitement, mais elle l’avait déjà vu faire et lui y parvenait. «
A…Aparecium ! » Le vent fit s’entremêler les branches et les feuilles du Saule mais rien ne se produisit. Severus se moqua un peu mais le regard que Lily lui lança le stoppa net. «
Je n’y arrive pas ! » elle laissa tomber la feuille de papier et tourna la tête, cachant ses yeux qui commençaient à être inondés de larmes. «
Accio. » aussitôt, la feuille de papier se déroula et atterrit dans les mains de Severus. «
Ne t’inquiète pas Lily, ce n’est pas facile les premières fois. » Il s’approcha de la jeune fille et se concentra quelques secondes sur la feuille avant que des traits d’encre n’apparaissent. Lentement ils formèrent un dessin. On pouvait deviner un grand château avec quelques oiseaux (sans doute des hiboux vue leurs yeux oranges) et devant ce majestueux monument on voyait un garçon aux cheveux longs et noirs et une jeune fille aux cheveux roux et aux yeux verts. Les joues pâles du garçon devinrent roses et il tourna la tête. «
Oh, Severus… » Lily lui déposa un baiser sur la joue avant d’ajouter, hilare «
Tu devrais user de ta magie pour apprendre à dessiner ! » «
Oh toi si je t’attrape !!! » Les deux enfants se coururent après et Severus finit par faire tomber Lily dans les fleurs. Les deux restèrent allongés un moment, silencieux, avant que la voix anxieuse de Lily ne brise le silence. «
Severus… Crois-tu vraiment que je pourrai aller à Poudlard ? » Severus, les yeux clos, murmura «
Evidemment. Tu es une grande sorcière Lily et tu feras de grandes choses… Ensemble nous ferons de grandes choses. » Et il se laissa bercer par ces rêves du futur où lui et Lily, inséparables, feraient les quatre-cent coups dans l’école emblématique qu’était Poudlard.
Février 1970«
La guerre des sorciers, la guerre des sorciers. Tu n’as que ce mot à la bouche en ce moment, comment veux-tu que le gosse ait une vie normale ? » «
Tobias, cette guerre concerne notre fils ! Il doit être élevé avec toutes les connaissances nécessaires avant d’arriver à Poudlard. On ne sait pas qui il rencontrera là-bas. » «
Il n’a qu’à rester ici ! Chez nous, les HUMAINS ! » Du haut de sa chambre, Severus entendait tout, comme d’habitude. Les murs tremblaient presque. Mais Severus ne se recroquevillait plus contre la porte en priant que son père ne tue pas sa mère. Non, Severus avait pris de l’assurance. En apprenant la magie à Lily il avait pris conscience de la facilité avec laquelle il pouvait manier ses dons, il se savait capable des meilleures choses. Alors il avait décidé d’apprendre plus lui aussi, de dépasser ses limites et, surtout, de protéger sa mère de ce père violent et devenu alcoolique. Il avait trouvé des livres lors de ses promenades sur le Chemin de Traverse avec sa mère, il avait pris des notes, s’était entrainé. Là encore il s’amusait à envoyer balader les araignées qui se promenaient dans sa chambre. Il n’était pas soumis. «
Tobias, calme toi maintenant, je n’en peux plus de tes crises ! » «
Ne me parle pas comme ça sale SORCIERE !! » Il y eu un fracas, comme du verre brisé et Severus jugea qu’il était temps de mettre en pratique son apprentissage. Il dévala les escaliers et hurla «
Ne la touche pas ! » Du haut de ses dix ans, Severus ne faisait pas le poids face à un adulte. Il avait beau être grand pour son âge, il n’était pas plus épais qu’une brindille. Mais lorsque ses yeux se posèrent sur sa mère à terre dans les débris de verre, les bras rougis par le sang qui coulait et ses yeux humides, Severus fut épris d’une telle haine qu’il aurait pu achever une horde de soldats. «
Espèce de petit merdeux, toi aus… » Mais Tobias Rogue n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Il fut soulevé dans les airs par une force invisible et alla se fracasser contre le mur à l’autre bout de la pièce. «
NE LA TOUCHE PLUS ! » la petite voix du jeune garçon fit trembler toute la maison. «
Si tu n’es pas content de vivre avec nous, va-t’en ! Nous ne te retenons pas !! Mais si tu décides de rester, sache qu’au moindre égarement de ta part je n’hésiterai pas à te faire du mal. » N’importe qui aurait ri face aux menaces d’un petit garçon, mais monsieur Rogue ravala sa fierté et sa douleur et ne sut que baisser ses yeux avant d’aller se servir un petit verre.
6 septembre 1971«
Tout va bien se passer. » Severus avait murmuré ces mots en serrant la main de Lily. Etre enfin dans la grande salle de l’école, c’était quelque chose ! Entendre la voix du directeur appeler un à un les élèves pour les soumettre à l’analyse du Choixpeau, c’était autre chose. Severus était un peu tendu mais ce n’était rien comparé à son ami Lily. Elle ne tenait pas en place, se tordait les doigts et les pieds, mangeait ses ongles, bref, une catastrophe. Elle faillit même s’évanouir à l’annonce de son nom. «
Garde moi une place. » lança Severus avant qu’elle ne s’assoit face à tous les élèves. «
Gryffondor ! » le verdict était tombé. Tout le monde applaudit la jeune Evans, ravis d’avoir un nouveau membre dans la famille. Severus sourit, il était content, Lily rêvait de Gryffondor. Lui ? Peu importe, tant qu’on le laissait avec la fille qu’il aimait. « Severus Rogue » il marcha le long des longues tablées et baissa la tête. Il n’aimait pas être scruté ainsi et il pria pour que le Choixpeau lui attribue sa maison rapidement. «
Oh. Eh bien ce n’est pas commun. Quelles capacités mon garçon, c’est impressionnant pour ton jeune âge. Mmmh, difficile, choix très difficile. » Rogue, habituellement pâle comme un linge avait l’impression que son visage allait exploser tellement il avait chaud. «
Vite vite vite » «
Pressé à ce que je vois. Je vais donc dire… Serpentard ! »
19 avril 1975«
On va faire une partie d’échecs, tu viens ? » Severus tourna la tête vers le groupe d’étudiants qui lui parlait et jeta un coup d’œil rapide à sa montre. «
Mais non, tu sais bien qu’il va voir sa sang de bourbe chérie ! » Severus, le ton inlassablement fermé ne fit que resserrer un peu plus la jointure de ses doigts sur l’épais volume qu’il était en train d’étudier. «
Ne l’appelle pas comme ça Gloria. Elle vaut mille fois mieux que toi. » «
Ça je demande à voir ! » Le groupe pouffa et sortit de la salle commune des Serpentards. Severus, lui, était tout à fait calme pour quelqu’un qui avait entendu une insulte des plus infâmes concernant la fille qu’il aimait. Mais c’était comme ça, il n’aimait pas le conflit et l’évitait le plus souvent possible. Rien de lâche là-dedans, mais il se savait dangereux et ne voulait pas avoir de problème avec la direction s’il sortait de ses gonds. Il posa son livre, s’étira avant de se lever et de se rafraichir le visage. Il sortit de la salle commune et monta les escaliers avant d’arriver à la porte d’entrée du château. Elle était en retard, comme toujours, mais il préférait se dire que c’est lui qui était en avance. Il posa son épaule contre la pierre et patienta tranquillement en regardant les alentours. Il aimait vraiment Poudlard au moment du Printemps. Toute cette verdure qui renaissait, il adorait. Il ne pouvait d’ailleurs pas s’empêcher de se rapprocher de ce phénomène. L’amitié qui le liait à Lily était une bonne illustration, quelque chose de beau qui nait après une période difficile. Des rires le sortirent de ses pensées. «
Servilus ! Servilus ! Hahahaha » Lily, un peu honteuse, poussa James et Rémus en les répriment des yeux. James la ramena vers lui en lui serrant la taille et l’embrassa tendrement. «
On t’attendra près de l’étang ! » sur ces mots, les deux jeunes hommes partirent en mimant un duel. «
Ne fait pas attention à eux… Ils sont un peu dissipés le week-end. » «
Seulement le week-end ? Ils ne sont pas très ouverts d’esprit c’est tout. Ils me méprisent parce que je suis un Serpentard… Et pas que. » «
Que veux-tu dire ? » Demanda Lily, naïvement. Severus haussa les épaules et l’invita à marcher.
«
C’est bon le soleil ! Mais ça ne me donne pas du tout envie de travailler… » «
C’est Potter qui te pervertit ? Décidemment, il n’a rien pour lui le pauvre garçon. » Lily se redressa subitement, estomaquée par ce qu’elle venait d’entendre. «
Mais Severus, ne dit pas des choses comme ça ! James est très intelligent. » «
Parce que faire le con avec sa baguette et insulter tout le monde à tout va tu trouves ça intelligent toi ? Tu es en train de changer Lily et ça me tue. » «
C’est moi qui change ?! Non mais regarde plutôt tes nouveaux amis !! » Severus se mit à rire, d’un rire jaune dont il avait le secret. «
Tu vas me reprocher d’avoir des amis maintenant ? Tu préfères que je reste seul en attendant que tu daignes me jeter un simple regard ?! Mais Lily, quand vas-tu ouvrir les yeux et remarquer qui est ton véritable ami ?! » «
Je n’ai jamais dit ça, je dis simplement que Jam… » «
Et moi je te dis que JE T’AIME ! » Lily fit des yeux ronds. Ses joues s’empourprèrent et elle baissa la tête. «
Severus… » mais sans un mot, l’amoureux malheureux se leva et parti rejoindre ses vrais amis.
Mai 1977«
Dis mon cœur, j’ai trop envie de faire une blague à cet abruti de Potter et à sa bande de crétins ! » Gloria, allongée sur l’herbe près de Severus regardait son petit ami avec des yeux de biche. Le jeune homme ne semblait pas vraiment l’écouter, il avait le regard plongé dans les nuages. En réalité il l’entendait très bien et cela l’agaçait vraiment. Entendre sa voix brouillait le fantasme que Severus était en train d’imaginer. Alors il ferma ses yeux pour s’enfermer un peu plus et visualisa Lily à la place de Gloria. Sa peau était plus douce, plus chaude. Sa voix était agréable, reposante, réconfortante. «
Eh tu m’écoutes ! » Gloria venait de taper du poing sur le torse de Severus. Il se releva brusquement et envoya valser la main de sa petite amie. «
Non mais ça va pas ? » «
T’as l’air dans le vague là, à quoi tu penses ? » Il fronça les sourcils. «
Tu es trop bête pour te souvenir que dans un mois nous avons les examens finaux ? » Gloria fit une moue de tristesse, elle semblait être affectée par la répartie de Severus. «
Mais je ne voulais que m’amuser un peu en faisant un sale coup à Potter… » «
On n’ira pas chercher les poux à Potter et le sujet est clos. » Severus se souvenait trop bien qu’il avait une dette envers James. L’an passé, la bande du jeune Potter avait décidé de faire un coup bas à Rogue en l’emmenant vers la cabane hurlante, lieu où se transformait Remus les soirs de pleine lune. Au dernier moment James avait empêché Rogue d’y pénétrer et lui avait ainsi sans nul doute sauvé la vie. L’air sombre, Severus se leva et parti avec ses livres sans même accorder un regard à Gloria.
18 janvier 1979«
Je dois dire que je suis heureux de te compter dans mes rangs Severus. Les forces du mal ont besoin d’un garçon comme toi, tu es doué dans ce que tu entreprends et tu n’as aucun scrupule à faire du mal. » «
Oui, maître. Merci, maître. » Le Seigneur des Ténèbres était assis, tapis dans l’ombre et parlait de sa voix posée et douce, note totalement dénaturée par rapport à ce qu’il représentait. «
J’ai entendu dire que tu savais des choses concernant l’ordre. Qu’est-ce donc ? » Severus, debout devant Voldemort, ne le regardait pas dans les yeux. Il sentait près de lui la présence de cet affreux serpent et ne se sentait pas très à l’aise. Pourtant, il ne laissa rien paraitre. Sa voix était tout aussi posée que son maître et ton était clair et précis, signe qu’il ne cherchait pas ses mots. «
Un rassemblement est prévu près de Pré-au-lard dans la nuit du vingt-trois. Ils seront nombreux, c’est là l’occasion de faire un coup magistral. » Severus gardait une rancune sans nom envers James Potter et ses amis. Il savait bien que Lily faisait partie de cet Ordre mais il les avait assez longtemps espionnés pour savoir que Lily ne faisait jamais partie des missions « périlleuses ». La mettre en danger n’était évidemment pas son but mais il était désormais officiellement l’ennemi de cette clique. Son tatouage sur le bras gauche avait scellé sa destinée et en réalité il en était très fier. Il savait que son maître l’appréciait plus que les autres. Il faut dire que Severus avait largement fait ses preuves, surtout en livrant au mage noir des informations sur son ennemi mortel : Albus Dumbledore. «
Très bien. Je pense que je vais envoyez Karkaroff et Dolohov. J’ai une autre mission te concernant… » Et Severus était à ce moment-là bien loin de s’imaginer la tournure qu’allait prendre les évènements.
23 novembre 1980 «
Monseigneur. La prophétie ne peut être un mensonge. Je l’ai entendu comme vous m’entendez en ce moment-même. » Rogue, habituellement si calme et posé était à présent tremblotant, haletant. Il venait d’être le témoin d’une chose terrible et avait échappé de peu à la capture. Il fallait que son maître le sache. Sa fin était prédite. «
Né à la fin du septième mois maître. Un pouvoir que le seigneur des ténèbres ignore. Voilà ce que j’ai entendu. » L’air grave de Voldemort faisait peur à voir. Il était inquiet et ce n’était pas de bon présage. Jamais le grand Lord Voldemort n’avait eu peur d’une fin présumée. Mais voilà que son plus fidèle allié lui rapportait de fâcheuses nouvelles. «
Assez ! Après tout, cet enfant n’est pas encore né et je ne pense pas qu’un bambin aux grosses joues puisse quelque chose contre les forces du mal. Trouvons qui ce prétendu être incroyable… Et tuons-le. »
12 février 1981«
Je vous en prie, vous devez la sauver ! Il sait, ils sont sa cible ! » Les yeux de Rogue était rougi par la tristesse et la colère. Par sa faute la menace de Lord Voldemort planait sur la tête de Lily, telle une épée de Damoclès. Il était venu aux oreilles du Seigneur des Ténèbres que le couple Potter attendait un heureux évènement, attendu pour la fin du mois de juillet. Si seulement Severus avait su… Il n’aurait jamais dévoilé le contenu de la prophétie faite par Trelawney. «
Leur enfant, le Seigneur des Ténèbres a la certitude que c’est lui. » Severus pleurait. Dumbledore était le seul et unique recours qu’il pouvait avoir. Il était le seul en qui Voldemort avait peur et il était le seul qui pouvait faire quelque chose. «
Severus, c’est vous qui avez dévoilé ce secret. C’est vous qui l’avait mise en danger, en terrible danger. » Rogue affichait un rictus de profond mal-être. «
Mais je n’en savais rien ! » Dumbledore, avec sa longue barbe argentée regardait Severus d’un air grave. «
Je ferai mon possible pour les maintenir en sécurité. Mais Severus, j’attends de vous qu’en retour vous laissiez tomber vos idéaux et que vous reveniez dans le droit chemin. Mon garçon, tourner le dos à votre maître fou. » Rogue se stoppa et leva la tête vers lui, un air grave figé sur ses traits bouffis de chagrin. «
Que voulez-vous dire ? » « Vous êtes désormais mon espion et votre ennemi vient de changer. »
31 octobre 1981Une déchirure en plein cœur, un coup de poignard répété dans son organe le plus vitale, un coup de massue dans ses os, un vent glacial qui gèle son cerveau. Severus était totalement anéanti. Le trou béant qu’il y avait dans la petite maison des Potter, Severus l’avait dans ses entrailles, dans son torse. Trop affaibli par tout ce chagrin il ne parvenait même pas à émettre le moindre son. Pourtant, il avait envie de hurler. On venait de lui retirer son oxygène, on venait de lui arracher le sourire de ses lèvres, la tendresse de son cœur qui n’appartenait qu’à elle, elle qu’ils avaient sauvagement, lâchement assassinée. Dans ses bras il tenait le corps inerte de la femme qu’il aimait depuis qu’il avait posé les yeux sur elle, quatorze années plus tôt. Il se souvint de son rire enfantin lorsqu’il lui apprenait des tours et lui racontait des histoires sur le monde magique. Il se souvint de l’odeur qui émanait d’elle lorsqu’elle faisait bouger ses cheveux roux. Il se souvint de la douceur de ses lèvres lorsqu’elle les posait sur sa joue. Et enfin il se souvint de ce fameux jour, terrible jour où humilié et blessé il l’avait traitée de sang de bourbe. «
Pardonne-moi Lily. Pardonne-moi pardonne-moi pardonne-moi. » Il la serra dans ses bras, tenant sa tête près de son coup, pour une dernière étreinte et il laissa aller ses larmes et ses hoquets. Mais il savait son temps compté. Dans quelques minutes les membres de l’Ordre viendraient faire l’état des lieux et ils pleureraient leurs morts, de manière légitime.
12 octobre 1983«
J’y travaille mais je vois mal comment je pourrais trouver une potion miracle sans avoir connaissance du mal que je dois combattre. » Dans le bureau du Directeur de Poudlard, Rogue fait son rapport. «
Severus, vous savez que vous êtes le meilleur dans ce domaine. J’ai confiance en vous. » Severus sert les poings sous sa robe de professeur. Confiance ? Mais lui aussi il lui a fait confiance. Aveuglement. Il a sans encombre cédé à tous ses caprices de vieux sorciers. Et pour quoi ? Pour rien. Dumbledore n’a pas réussi à sauver Lily. Pire, il a même échoué dans la surveillance du jeune Harry Potter. Severus ne se voue plus autant à Albus désormais, et le futur semble devenir incertain.