Il était rare que Caïn rentre si tard. Mais il avait dû régler quelques menues affaires pour l'Ordre. Il avait dû délivrer un message qui ne devait pas être intercepté, et finalement, il se débrouillait plutôt bien dans le rôle du hibou. Ce n'était pas très valorisant, mais s'il pouvait se rendre utile ainsi. Il l'acceptait. Il arriva dans un bar du chemin de traverse, apparaissant de la cheminée. Il commanda un verre, histoire que personne ne se doute qu'il n'arrivait là que pour des raisons de sécurité et de discrétion. Il ne resta que quelques minutes et sortit pour remonter jusqu'à son appartement. Il grimpa les quelques étages. Seulement quelque chose n'était pas normal, il avait un pressentiment et lorsqu'il vit sa porte entrouverte, il comprit que ce n'était pas qu'une intuition. Sa main saisit le pistolet à sa taille, il poussa la porte. L'appartement avait été saccagé. Il referma la porte. Sa seule pensée allait pour ses fléreurs. Où étaient-ils ? Son regard ignora les inscriptions haineuses sur les murs, les menaces. Il voulait juste trouver ses compagnons, ses fidèles amis... Il les trouva allongé sur le sol, ensanglantés...

« Einstein... Socrate... »gémit-il en le voyant dans un état critique.

Leurs corps étaient tailladés. Il comprit alors que leur sang avait été utilisé sur les murs. Un frisson le parcourut, il se releva, cherchant désespérément ses fioles d'essence de Dictame, il n'en trouva qu'une non brisée, il la versa sur les plaies, paniqué. Il devait trouver de l'aider. Il devait les soigner. Il ne pouvait pas les perdre. Pas eux. Il aurait préféré mourir à leur place. Ils n'avaient pas mérité ça... Pourquoi leur avait-on fait ça ? Ce n'était que des animaux... Il attrapa un drap, les déposant doucement l'un et l'autre. Leurs miaulements plaintifs accentuèrent ses larmes. Il attrapa la poudre de cheminette, et après quelques secondes d'hésitation trouva sa destination.

Il n'était pas souvent allé chez Leslie... Une ou deux fois, pour des blessures sur lui-même qu'il n'arrivait pas à soigner correctement seul. Surtout après les visites d'un certain Darius. Mais là, il ne venait pas pour lui, ce qui le paniquait bien plus. Il arriva dans le salon à peine connu. Il n'y avait pas de lumière, normal vu l'heure tardive. Il avança à l'aveuglette, il entendit des choses tomber sur son passage.

« Leslie !... Leslie ! »cria-t-il désespéré.

Les larmes coulaient encore sur ses joues. Ses mains passaient sur les corps de ses fléreurs. Il essayait de les rassurer, mais les animaux miaulaient avec douleur. Il fallait que Leslie vienne. Et vite... Le sang de ses compagnons avait maculé ses vêtements, il en portait quelques traces sur son visage aussi.

On avait souvent conseillé à Leslie de fuir le monde de la magie, de retourner vivre avec sa famille et de se faire oublier, on disait que c'était trop dangereux pour lui de rester par ses temps obscures, dans un sens, c'était justifié, beaucoup "d'impures" comme lui avait abandonné le combat et on ne pouvait pas le leur reprocher. Mais Leslie, même s'il n'était pas le plus vaillant des hommes, n'avait pas l'intention de se laisser faire. Il ne voulait pas que l'on mène ses combats à sa place, il n'était pas très bon en magie offensive, ce qui ne jouait pas en sa faveur, mais lorsqu'on était doué comme il l'était en magie blanche et pour les soins, il jugeait que c'était une obligation de se servir de ses capacités pour aider l'ordre. S'il pouvait être utile, alors il n'y avait pas hésité. Ainsi, il venait juste de rentrer, il avait été chez un membre de l'ordre pour le soigner, la magie, c'était une chose destructrice, mais c'était aussi bien plus efficace que les soins des médecins moldu, l'homme qu'il avait soigné n'était plus en danger. Il soupira doucement alors qu'il se préparait une infusion de camomille, il regrettait l'époque de Poudlard, même si aux yeux de certains, il n'était qu'un sang de bourbe, au moins, il n'y avait pas la guerre. Il alla donc se coucher sur cette triste pensée... Enfin, il dut d'abord trouver de la place sur son lit, avoir autant d'animaux de compagnie avait aussi des inconvénients, les trois gorgones (ses fléreurs) étaient allongées en plein milieu du lit... il attrapa Euryale et Meduse pour les poser sur le fauteuil dans la chambre et Sthéno fut déposée dans l'un des nombreux paniers disposés un peu partout dans sa maison.

Ceci fait, il put enfin se déshabiller pour se coucher. Il n'eut pas le temps de s'endormir que des cris retentirent dans le salon. Il attrapa un t-shirt et l'enfila avant de prendre sa baguette et de descendre les escaliers... Puisque ses chiens n'aboyaient pas, c'était qu'ils n'avaient pas jugés la présence de la personne qui l'appelait menaçante. Les lumières allumées, il remarqua Caïn en larme et deux créatures ensanglantées dans les bras. Merde. Pas le temps de se faire la bise, Leslie se retourna et dégagea tout ce qui se trouvait sur la table de la salle à manger (la pièce était commune aux deux fonctions). « Dépose-les là. Que s'est-il passé ? » Demanda-t-il tout en fouillant dans une commode pleine de potions. Il trouva assez vite ce qu'il lui fallait. En tant qu'éleveur, il savait agir vite, il arrivait que certaines bêtes se battent entre elles... c'était assez rare, mais c'était déjà arrivé, aussi bien chez lui que lorsqu'il était en stage. Au moins, soigner des fléreurs c'était plus simple que de s'occuper de dragons. Il utilisa un sort de sommeil pour être sûr que les animaux ne se réveillent pas et appliqua un gel potion sur les lacérations des bêtes, c'était un produit qui avait pour but d'agir sous la chair pour la réparer, ceci fait, il utilisa des bandages et pour finir un sort pour refermer les plaies. Normalement, ils n'étaient plus en danger... « ça devrait être bon... » Lâcha-il calmement en essuyant ses mains pleines de sang.